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Le chrome

I – Le Chrome, qu’est-ce que c’est ?


Le Chrome, de signe chimique Cr et de numéro atomique 24, est un oligo-élément retrouvé d’une manière relativement constante dans l’organisme à l’analyse biochimique mais en très faible quantité.
Il existe essentiellement sous deux formes, une forme hexavalente (Cr6+) toxique pour l’Homme et une forme trivalente (Cr3+) physiologique et non toxique.
Celui-ci joue un rôle dans le métabolisme des lipides, des glucides et des protéines et possède une activité antioxydante.

II – Causes et conséquences d’une carence en Chrome


• Causes
Les carences en Chrome sont rares dans les pays industrialisés, mais peuvent survenir dans les cas suivants : malnutrition (excès de consommation de sucre), grossesse, stress, prise de corticostéroïdes.

• Conséquences
Le Chrome fait parti des oligoéléments essentiels à risque de carence démontré chez l’Homme.
Une carence en Chrome peut entraîner différents troubles du métabolisme des sucres et des lipides : intolérance au glucose, hyperglycémie à jeun, hyperlipidémie, hypercholestérolémie, hypertriglycéridémie, insulinémie élevée.

La probabilité de surdosage en Chrome est faible. Les rares cas rapportés évoquent des réactions inflammatoires de la peau et des muqueuses notamment de la muqueuse nasale lorsqu’il est inhalé. 


III – Comment agit-il ?


• Dans l’équilibre glycémique :
Le Chrome joue un rôle clé dans l’équilibre glucidique via un effet potentialisateur de l’insuline. Il induit une augmentation du nombre de récepteurs à l’insuline et permet d’augmenter son affinité pour son récepteur. Le glucose est ainsi absorbé par les cellules assurant la régulation de la glycémie.
Le Chrome est également un co-facteur de la chromoduline, petite protéine qui facilite le transport de l’insuline vers son récepteur. 

• Dans le métabolisme des protéines :    
La supplémentation en Chrome permet également d’améliorer l’absorption et le métabolisme du glucose en augmentant la synthèse de protéines qui constituent les récepteurs à l’insuline.

• Dans le métabolisme des lipides :  
Le Chrome permet une meilleure sensibilité à l’insuline en redistribuant le transporteur de glucose à la surface de la membrane des cellules en réduisant la quantité de cholestérol de cette membrane.  
Le Chrome inhibe une enzyme hépatique (HMGCoA réductase) qui participe à la synthèse du cholestérol, d’où un effet hypolipémiant. Une supplémentation en Chrome a donc un effet bénéfique sur le profil lipidique : diminution des taux de cholestérol total et de triglycérides, et augmentation du cholestérol HDL (aussi appelé bon cholestérol).

• Dans le processus inflammatoire : 
Le Chrome présenterait un effet antioxydant indirect qui passerait par la régulation des taux de molécules pro-inflammatoires et d’insuline dans le sang. Ces dernières sont des marqueurs biologiques dont l’élévation dans le sang est associée à un stress oxydant important.

IV – Quelles sont les sources de Chrome ? 


• Dans l’alimentation
La viande et les produits laitiers sont les principales sources de Chrome. Cependant les régimes à base de blé complet (pain, biscuits, pâtes) et sucre roux en apportent des quantités importantes également.
Vous trouverez ci-après une liste non exhaustive des principaux aliments dont la teneur en Chrome est intéressante : levure de bière, foie, viande, jaune d’œuf, herbes aromatiques, épices (thym, poivre noir), fruits oléagineux (noix, noisettes, amandes), germe de blé, céréales complètes, chocolat noir, gruyère, produits laitiers, champignons, fruits de mer, pommes, prunes, brocoli, haricots verts, asperges, pommes de terre, café, thé (boissons stimulantes).

• Dans les compléments alimentaires
Le succès d’une supplémentation en Chrome dépend de :
—> La forme de Chrome utilisée : les études conduites avec du chlorure de Chrome ont montré peu d’effet. A l’inverse, le picolinate de Chrome semble plus efficace. En effet, à la dose de 1000 µg/j, l’organisme absorbe 0,4% de Chrome à partir du chlorure de Chrome, alors que pour le picolinate de Chrome, ce taux peut atteindre 2,8%.
—> La durée de la supplémentation : il est plus difficile de mettre en évidence un bénéfice du Chrome lorsqu’on en prend pendant moins de deux mois.

• Comment est-il absorbé ? 
L’absorption du Chrome d’origine alimentaire varie entre environ 0,5 et 2% : on peut donc parler d’une absorption très faible, la majorité n’étant pas absorbée mais éliminée dans les selles.
Le taux de Chrome absorbé dépend de la dose de Chrome ingérée et de la forme sous laquelle il se trouve. 
Le picolinate de chrome (chélate neutre dans l’organisme) est la forme de prédilection pour de nombreux compléments alimentaires car la mieux absorbée. L’absorption du Chrome est inversement proportionnelle à son apport (2% pour des apports de 10 µg/j, 0,5% pour des apports de 40 µg/j et 0,4% pour des apports supérieurs à 50 µg/j).

V – Quels sont les apports nutritionnels conseillés (ANC) ? 


Vous trouverez ci-dessous les apports nutritionnels conseillés pour le Chrome selon l’ANSM.
13-19 ans : 50 µg/j
Femmes adultes : 55 µg/j
Hommes adultes : 65 µg/j
Femmes enceintes : 60 µg/j
Hommes de plus de 65 ans : 70 µg/j
Femmes de plus de 65 ans : 60 µg/j

Sources: 
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A propos de Joséphine G.

Diététicienne - Nutritionniste en cabinet libéral, Joséphine est également professeure de Yoga. Convaincue que prendre soin de soi par l’alimentation et l’activité physique sont les clés d'un bien-être général, Joséphine propose à ses patients un accompagnement global basé sur la pleine conscience et le respect du corps.

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